Quand on pense énergie renouvelable, on pense souvent au photovoltaïque. Une technologie dont le succès ne se dément plus et s’intègre dans notre quotidien. Et si on développait sa polyvalence ?
En imaginant le futur, peut-être pas si lointain, ne serait-il pas alors possible de faire des panneaux solaires des caméléons des énergies renouvelables ? Des citoyens qui ont choisi l’optimisme et l’action, nous proposent d’entrevoir un photovoltaïque multitâches pour le rendre plus versatile et flexible, et ainsi mieux répondre aux enjeux climatiques, mais pas que !
Un couteau suisse des énergies renouvelables
Un monde qui change est un monde où nos technologies s’adaptent perpétuellement. La production d’énergies renouvelables n’échappe pas à la règle. Nous devrons compter sur l’évolution de ces technologies afin d’assurer la pérennité de ressources naturelles comme l’eau. Avec la multiplication des installations de panneaux solaires, certains n’hésitent pas à explorer davantage le potentiel du photovoltaïque afin qu’il puisse revêtir des usages supplémentaires, voire simultanés.
A Montpellier, c’est une expérience sur la culture de légumes, à l’ombre de panneaux solaires, qui a été menée. Sous forme de persiennes, l’étude a démontré la possible économie d’eau grâce à un pilotage à distance permettant d’incliner les lamelles de ces persiennes, pour soit protéger les légumes lors de fortes chaleurs soit laisser passer la lumière et la pluie quand ils en ont besoin. Résultat : des besoins en eau réduits de 30% !
Toujours en France, la loi pour l’accélération des énergies renouvelables impose à tout parking de plus de 1500 m², l’installation d’ombrières photovoltaïques pour la production d’électricité verte. Imaginez le potentiel de ces ombrières couplées à un système de récolte d’eau ! Une invention pas si farfelue que ça si l’on en croit la start-up ThinkPhi dont les créateurs, Samit et Priya Choksi, avaient déjà imaginé, en 2016, l’Ulta Chaata, un « parapluie photovoltaïque inversé » qui récolte l’eau de pluie pour la rendre potable tout en produisant de l’électricité grâce aux panneaux solaires qui le recouvrent.
Et en Belgique ?
Pionnière des ralentis sportifs en direct, l’entreprise belge EVS n’a pas perdu l’esprit d’innovation ! Avant l’installation d’un système de récolte d’eau de pluie, EVS, participant à la transition énergétique et encré dans une stratégie de durabilité, a tout d’abord travaillé sur une réduction de sa consommation d’énergie. Entre 2016 et 2019, elle a réduit de plus de 30 % sa consommation en électricité. L’étape suivante était d’augmenter le nombre de panneaux photovoltaïques, passant de 600 à 2300 panneaux en 2020. Cette extension inclut une installation sur un talus et trois ombrières dont l’énergie produite est notamment utilisée pour alimenter les 72 bornes de recharge pour véhicules électriques.
Toujours dans un souci d’un usage respectueux des énergies, et profitant de leur installation photovoltaïque, EVS a installé un système de récolte d’eau de pluie au pied des panneaux. Celle-ci est ensuite acheminée vers des citernes de stockage de 200m³. Cette eau permet notamment le refroidissement des salles serveurs (par système adiabatique). Elle est aussi utilisée pour les sanitaires et le nettoyage d’espaces extérieurs, évitant ainsi la consommation d’eau potable pour de telles utilisations.
Et si en plus de pouvoir diminuer les besoins en eau ainsi que l’utilisation d’eau potable pour des usages qui peuvent l’éviter, le photovoltaïque multitâches se mettait au service de la nature ? Le projet MARWAL, mené par l’ULiège, étudie la recharge artificielle, par infiltration, des nappes phréatiques. Le but étant d’augmenter la quantité naturelle d’eau dans ces nappes, pour une utilisation ultérieure.
Reprenons, maintenant, l’idée d’une fusion entre ce projet et une installation solaire pouvant récupérer l’eau d’averses : il serait alors possible, en même temps, de récolter cette eau pour garantir le remplissage des dites nappes tout en générant de l’électricité propre. Une idée qu’il ne serait pas inutile de creuser !
Continuer l’innovation du photovoltaïque
Avec toutes ces inventions, il est clair qu’une polyvalence photovoltaïque est possible. Elle permettrait, non seulement, de réduire les besoins en eau actuels mais aussi d’éviter l’usage d’eau potable en réutilisant celle des précipitations. Plutôt que de la laisser finir tristement sur des sols bétonnés, elle pourrait être réinjectée dans les sols afin de les désimperméabiliser pour une meilleure captation des grosses pluies évitant, ainsi, les risques d’inondations.
Nous pourrions aussi développer la flexibilité du concept de « parapluies photovoltaïques inversés », expliqué plus haut, en recueillant l’eau pour irriguer les champs qui longent habituellement nos autoroutes par exemple, qui seraient éclairées, du coup, grâce à la production d’électricité renouvelable.
N’optons pas pour la politique de l’autruche : oui, il est possible que nous connaissions une raréfaction de la ressource qu’est l’eau. Mais cela n’est pas une fatalité que nous devons passivement accepter quand toutes ces innovations existent et nous permettent d’imaginer un futur positif.